La mémoire est une trame puissante qui peut unifier ou détruire les sociétés. Le temps, maître du changement, favorise ces mouvements inconscients.
La mémoire fragmentée est capricieuse et sensible.
Elle émerge de l'individu mais s'enchaîne dans la communauté.
Les mouvements migratoires, depuis le début de l'humanité, ont fait et font partie de la véritable histoire du monde.
En ces temps agités par un certain retour à des idées néfastes qui ont marqué un moment fort de l'humanité. Nous devons nous rappeler que les événements migratoires font partie de notre nature en tant qu'espèce partiellement hégémonique sur cette planète.
La responsabilité est peut-être de plonger dans les eaux profondes de la mémoire des peuples, des familles et des individus, pour reconnaître ces mouvements comme une partie d'un patrimoine inconscient collectif.
Ce projet est d'abord né dans le cadre de la récupération de la mémoire sensible de la migration suisse en Argentine (en tant que descendante d'émigrés suisses dans le Sud), cherchant à mettre en lumière ces mouvements, souvent réduits au silence dans le présent. Après avoir été confrontée à un matériel beaucoup plus sensible, j'ai commencé à penser que ces images re-signifiées s'étendaient non seulement pour sauver cet héritage de la migration européenne, mais aussi le fait migratoire indépendamment des pays, des régions, des ethnies ou des idées conçues dans le présent.
Indépendamment du cadre documentaire historique réel du concept, j'ai entrepris une enquête poétique sur cette empreinte.
Les traces ou les sillons laissés dans l'inconscient, qui reprennent une dimension dans la pratique artistique à travers des photographies documentaires et des dessins et gravures de collage, ont commencé à forger une saga complexe et arbitraire de souvenirs.
J'essaie de construire une réflexion sur tout cela et de préserver en même temps ma perception poétique de cette saga.